L’intégration des outils technologiques dans les écoles relève d’une construction complexe entre les injonctions institutionnelles, les dispositifs pédagogiques et les connaissances disciplinaires des enseignants. Sans nous attacher aux prescriptions, la question que nous posons cette semaine est celle de savoir où, quand et comment mobiliser des ressources pratiques, afin d’utiliser le matériel numérique mis à notre disposition ? Si cette article vaut introduction, c’est que nous allons nous poser cette question tous les mois en scrutant ce qui est disponible sur le marché en terme d’aide et de support…

Faire appel à l’ingénierie pédagogique… et didactique

De nombreuses études menées dans le cadre de l’utilisation des ressources numériques en classe (dont la nôtre) pointe l’importance de la scénarisation des activités proposées. En effet, utiliser les ordinateurs ou les tablettes tactiles en classe suscite l’intérêt des élèves, mais cela reste un effet court terme. L’attention peut être détournée, ou la mémoire de travail surchargée, si les éléments présentés ne mobilisent pas ce que nous appelons la posture de détective et qu’ils ne sont pas structurés autour d’un scénario pédagogique de séquences et d’activités. Alors la première question est : quels sont mes objectifs pédagogiques ? Mon souhait en tant qu’enseignant est-il de transmettre ou de construire les connaissances des élèves ? Les outils numériques ne sont que des instruments ? Ou est-ce qu’ils sont également source d’apprentissage ? Le choix du sujet, de la thématique traitée pose question également. S’intègre-t-il dans un projet ? Nécessite-t-il la manipulation ? Peut-il faire objet d’une dynamique en groupe, d’un travail individuel etc…

Nous retenons six points d’attention pour se positionner d’un point de vue pédagogique et didactique à ce sujet :

La scénarisation nécessite une certaine flexibilité, qui permet notamment l’adaptation en cas de contraintes non relevées ultérieurement. Mais elle doit répondre également à une organisation plus ou moins strictes pour ne pas perdre l’auditoire. Ainsi il est préconisé de se munir d’un tableau de référence dans lequel chaque activité est recensée, mesurer en terme de temps, associée à des ressources, des contenus et assignée à un référent (enseignant, élève seul, travail de groupe…).

Ressources et documents

Le scénario pédagogique construit nous pouvons nous atteler à habiller le squelette. Quelle différence alors entre ressources et documents ? La réponse est assez simple, les ressources sont conçues pour être exploitées, mobilisées et appropriées. Lorsqu’elles sont modifiées, adaptées et sélectionnées en fonction d’un contexte didactique et pédagogique elles alimentent un document. Ce dernier est construit par l’enseignant avec une intention didactique, et devient à son tour une ressource à partir de laquelle les élèves travaillent.

En fonction de notre objectif, nous sélectionnerons une vidéo, une image, nous créerons un texte, le format choisit dépendra également du matériel utilisé et du type de pédagogie. En effet, les capsules vidéos ou les documents collaboratifs peuvent être des excellents outils dans le cadre de la classe inversées. Dans ce contexte la réflexion doit également prendre en compte un lieu de dépôt de ces informations : une Dropbox ou une interface web comme le Padlet. L’avantage avec le second, c’est qu’il peut être organisé comme un journal avec les dernières « news » mise à disposition, ainsi qu’un espace de dialogue.

Dans les outils multi supports, que nous aimons particulièrement, il y a le Genially. C’est une plateforme unique pour tout type de contenus interactifs et le document créé a une forme de présentation dynamique.  Vous pouvez largement utiliser la version gratuite, et en même temps si vous souhaitez aller plus loin dans la conception la version payante en vaut le détour (différents types de forfaits sont proposés). A partir d’une photo, une présentation vidéo, ou sous la forme d’un document avec plusieurs chapitres, l’outil donne la possibilité de construire un document numérique riche en ressources. Vous pouvez rédiger des textes descriptifs, intégrer des vidéos de YouTube, des contenus de Spotify ou encore créer des Escapes Games (cf. notre article sur le sujet : https://enumea-conseil.com/quand-lescape-game-sinvite-dans-le-domaine-de-la-pedagogie/ ) en mobilisant LearningApps ou des éléments stockés sur votre ordinateur. Les éléments interactifs sont nombreux, et le support peut être partagé ou non sur le réseau. Vous allez me dire, mais c’est miraculeux ! Oui… et non, car malgré toutes ces possibilités il lui manque un élément important : les choix des contenus. En effet, la discrimination des sources et des contenus reste à la charge de l’enseignant. Pour éviter une chronophagite aiguë dans ce domaine nous vous donnerons quelques éléments prochainement dans un article consacré à ce sujet.

Et l’enseignement hybride ?

Tableau et écrans interactifs, tablettes tactiles… ce matériel relève de la gamme technologique disponible en présentiel. Qu’en est-il des supports pédagogiques évoqués ci-dessus intégrés dans la formation à distance ? La question est posée depuis quelques années et elle est revenue au-devant la scène avec le contexte sanitaire lié à la COVID-19. La démarche de scénarisation, la conception didactique et interactive sont également nécessaires. Quant à la structuration et l’organisation, elles seront dépendantes d’autres facteurs comme l’isolement notamment. Nous aurons l’occasion également d’en reparler prochainement…

Bibliographie

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