Harcèlement, brimade, mobbing, intimidation … quand se manifeste la violence scolaire.

La violence scolaire et plus particulièrement le harcèlement, n’est pas quelque chose de nouveau. En effet, il prend des formes différentes et une terminologie spécifique selon les époques et les pays (avec des noms parfois différents « school bullying » en anglais avec l’idée vraiment de maltraitance, « brimade » en Belgique, « mobbning » en Norvège, « intimidation » au Québec).

En France le harcèlement a été reconnu comme un problème de société depuis la fin des années 70 (très tard par rapport aux autres pays) et oscille entre 6% à 15% et environ 12% pour le cyber harcèlement :

Nous retrouvons quatre caractéristiques définissant le harcèlement :

  • La violence sous l’angle du rapport de force (également dans le sens asservissement psychologique).
  • La répétitivité des agressions durant une longue période
  • L’intention de nuire (blesser, humilier, ridiculiser l’autre)
  • L’isolement de la victime

… et se structurant autour de trois formes : le harcèlement physique (se traduisant par des coups, pincements, tirage de cheveux, des bousculades, des jets d’objets, des bagarres (organisées), des vols ou rackets, des dégradations de matériel/habits, des enfermements dans une pièce, des violences à connotations sexuelles (voyeurisme, déshabillage, baisés forcés, gestes déplacés…), des « jeux » dangereux effectués sous la contrainte (ex. le jeu du foulard) ; le harcèlement moral (verbal, émotionnel, sexuel) ; le cuber –harcèlement, un acte agressif, intentionnel perpétré aux moyens de formes de communications électroniques (email, tél, sms, blog) de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule (Smith et al., 2006).

Le harcèlement 3.0 

Le cyber-harcèlement peut se produire 24h/24h et 7j/7 et aucun espace de vie de la victime n’est protégé. Sa diffusion est massive et instantanée et touche un très large public. Ainsi le harcèlement scolaire et la violence se prolongent et se renouvellent au sein du web et des médias.

La cyber violence et le cyber harcèlement sont des violences de proximité, exercées par des groupes sociaux déjà existant « hors-ligne », souvent des copains de classe. Au-delà de sentiment d’impunité et de désinhibition, l‘absence de face à face « physique », ne permet pas d’accéder aux visages et donc aux émotions, da fait l’empathie des agresseurs est quasi inexistante.

Différentes approches sont utilisées par les cyber harceleurs, comme nous pouvons le voir ci-dessous :

Souvent placées en isolement social, les victimes de harcèlement scolaire subissent une exclusion sociale et du groupe de pairs. Cela se poursuit en ligne où l’accès aux groupes Facebook leur est refusé ou ils sont exclus. Mais cela peut aller bien plus loin avec l’usurpation d’identité qui renvoie au fait de faire usage de l’identité d’une personne sans son consentement, afin de nuire à l’image et à la réputation. Quant aux violences verbales, elles se font sur tous types de supports : blogs, messageries, forums… Le roasting est une représentation de cette forme de violence. Le terme renvoie au fait de se moquer de quelqu’un, de le tourner au ridicule, ridiculiser publiquement.  Concrètement cela consiste à poster une photo de soi-même sur laquelle on n’est pas à son avantage, à la hashtagger et inviter ses contacts à la commenter négativement.

La violence sexuelle en ligne cela peut prendre également différentes formes.  Visionnage d’images pornographique, racolage à but sexuel, réception de message ou photo à caractère érotique… jusqu’à envoyer des messages à caractère érotique ou sexuel (sexting).

Enfin, avec l’apparition et l’utilisation de plus en plus populaire des plateformes sociales, la violence physique persiste au-delà de la cour de récréation. Les challenges et les jeux dangereux apparaissent tous les mois et peuvent aller jusqu’à l’incitation au suicide.

Repérer la violence

En tant qu’élève, en tant que parents et en tant que professionnels, le harcèlement est toujours difficile à repérer. Le silence des victimes (par peur et crainte) et des élèves qui observent (crainte de devenir victime) est une des difficultés. Alors ce qui peut alerter c’est un changement de comportement : l’isolement, le repli sur soi, manifestation d’anxiété somatisée, le refus de se rendre à l’école, des troubles du sommeil, fatigue au lever, etc… une agitation particulière, difficulté de concentration, oublis…, baisse des résultats scolaires chez un bon élève, absentéisme, vols réguliers (argents, bijoux, peut être le signe de racket), hématomes, vêtements abimés, irritabilité, agressivité avec son entourage proche (physique et verbal) ou avec les enseignants.

Quelques pistes…

La connaissance de l’existence du harcèlement et de ses formes est une première étape pour le combattre. Cet article à lui seul ne pourra pas vous aider si vous êtes touchés par ce phénomène. Alors en attendant de prendre contact avec un professionnel qui pourra vous accompagner voici quelques pistes d’actions et de réflexions…

La sensibilisation aux dangers du harcèlement est un atout. Cela passe par le développement des compétences émotionnelles des enfants et l’accueille de sa parole. Parler pour se défaire de la culpabilité et développer une passion, prendre soin d’animaux ou de plantes, exercices de respirations, yoga, divers sports permet d’aider son enfant notamment à reconstruire son estime de soi. Enfin il est important d’aider l’enfant à se défendre face au harceleur et donc d’éviter d’intervenir de « parent à parent ». Emmanuelle Piquet parle de flèches de résistance, Elle parle de “judo verbal, souple et défensif, une forme d’auto défense”.

Et voici quelques supports qui peuvent être utiles pour en parler :

  • Les 10 épisodes de la série Et si on s’parlait du harcèlement ? https://youtube.com/watch?v=05Gh6XMhH_Q&list=PLjDkbZlQjvvFvf2gGEBZQeayjYHqEfYj6
  • « J’ai perdu mon sourire », Thierry Robberecht
  • « Rouge » de Jon de Kinder
  • « Le Harcèlement » Mes p’tites questions, Ed. Milan, coll.
  • « Je me défends du harcèlement », Emmanuelle Piquet
  • « Seule à la récré », Ana et Bloz