L’introduction des nouvelles technologies dans notre quotidien a provoqué un grand nombre de changement d’habitude, dont celle de l’écriture. Ainsi, même si la liste de course traine encore sur le plan de travail de la cuisine, elle se dématérialise peu à peu avec les achats en ligne, comme les cartes postales envoyées de plus en plus par voie électronique ou encore les échanges frénétiques sur les messageries instantanées. Et dans ce contexte certains pays d’Europe du Nord et les États-Unis s’interrogent sur la possibilité de faire apprendre l’écriture au clavier avant l’écriture à la main, voire de ne plus enseigner l’écriture manuscrite.
L’apprentissage de l’écriture
Apprendre à écrire est un processus complexe, qui nécessite du temps. De plus, elle est concernée, comme la lecture, par l’interactivité propre à la communication électronique, notamment avec l’apparition du « langage sms ». Ainsi, « L’école se retrouve donc, avec les littéracies numériques, dans une situation assez similaire à celle où elle se trouve avec l’oral, susceptible, pour les mêmes raisons, de l’embarrasser : elle doit composer avec des acquisitions qui se font massivement en dehors de tout lieu scolaire et penser son rôle sur cette base. » (Penloup, 2012). Et les jeunes, en particulier, écrivent et lisent beaucoup, au sein de nouveaux espaces.
Un certain nombre d’études ont montré qu’apprendre à écrire les lettres et les mots à la main permet ensuite de mieux les reconnaitre visuellement que s’ils avaient été appris par une écriture au clavier. En effet, d’après le modèle simple de l’écriture (Berninger et al., 2002), les habiletés de transcriptions sont un socle fondateur des capacités rédactionnelles et regroupent deux types de processus (Kandel et Perret, 2015) : d’un côté, les processus orthographiques et de l’autre les processus perceptivo-moteurs. De fait, la production écrite de mots implique l’interaction entre les deux. La gestion de ces processus dépend fortement des ressources cognitives disponibles en mémoire de travail. Les résultats d’une étude auprès d’étudiants ont démontré que ceux prenant leurs notes à la main réussissent mieux que ceux qui écrivent au clavier (Mueller & Oppenheimer, 2014), car ils reformuleraient les paroles de l’enseignant et donc traiteraient l’information.
Cependant, l’apprentissage de l’écriture sur clavier n’est pas à exclure et peut s’articuler avec l’écriture manuscrite, d’autant que l’évolution technologique demandera un jour ou l’autre son utilisation. Parmi le peu d’études sur les apports du numérique dans les apprentissages de l’écriture, nous pouvons tout de même souligner des impacts positifs. Sur le plan cognitif, par exemple le traitement de texte joue un rôle facilitateur dans l’enseignement-apprentissage des pratiques de révision et de réécriture (Audran, Del Perugia, 2000) aux modifications et transformations de textes qui peuvent être fait. Son utilisation permet de rendre également l’écriture attractive avec la possibilité de l’essai-erreur et les divers choix de supports (notamment des fichiers partagés) incitent à la collaboration. Les outils numériques offrent ainsi des moyens de court-circuiter la difficulté à passer à l’écriture (Liénard et Penloup 2011).
Quelques pistes….
Dans le cadre de l’apprentissage de l’écriture il est nécessaire de renforcer les habiletés de motricité fine liées au geste graphique chez les jeunes enfants (5-6 ans). Spécifique et progressif, il vise à favoriser l’intégration de programmes moteurs automatisés. En ce sens il peut être intéressant de proposer des applications numériques permettent de visualiser le tracé des lettres de l’alphabet grâce à des animations, afin d’aider les élèves à se représenter la dynamique et le sens du tracé qu’ils peuvent ensuite reproduire par eux-mêmes. De nombreuses applications sont disponibles dans les « store », comme les applications L’Escapadou ou La Maternelle Montessori dans google play.
À partir de la moyenne section, l’enseignant explique la correspondance des trois écritures, un moment idéal pour un travail en binôme afin de verbaliser, puis repérer les lettres sur un clavier.
Concernant le traitement de texte plusieurs exercices sont possibles. L’écriture d’une BD, comics et même jusqu’à la rédaction d’un album à partir d’un logiciel comme Write ou Word ou qu’il s’agisse d’applications spécifiques comme la BDNF. Pour les plus jeune des suites d’apprentissages dactylographiques sont proposées comme avec GCompris. Pour progressivement travailler même sur une page d’encyclopédie, de journal ou blog, ou encore proposer des tâches de copie et de mise en page de textes : poèmes et chansons à mémoriser.
Bibliographie
Delcambre Isabelle, Pollet Marie-Christine (2014). Littéracies en contexte d’enseignement et d’apprentissages. Présentation. Spirale, 53, 3-8.
Penloup Marie-Claude (2012). Littératies numériques : quels enjeux pour la didactique de l’écriture-lecture ? Recherches en didactique des langues et des cultures. Les Cahiers de l’Acedle, 9/2, 129-140.