Jouet en bois virtuel, où les enfants et les écrans au XXI siècle…

En 2017, 82.8% de ménages français étaient équipés d’un ordinateur (ordinateur fixe, portable, tablette)[1], dont 84.8% avec une connexion Internet. Le téléphone portable dernière génération reste quant à lui définitivement le terminal le plus utilisé pour y accéder, avec 46% de la population de 12 ans et plus qui se connecte en 2018[2]. Face à l’explosion des nouvelles technologies dans la sphère sociale et plus particulièrement familiale, de nouvelles questions émergent sur leurs utilités, voir leurs impacts sur les enfants et leur développement. C’est donc sous l’angle de la parentalité que nous allons naviguer dans le monde numérique dans l’article de cette semaine, alors accrochez-vous c’est parti !

Jouet en bois virtuel…

Peu importe la génération, l’environnement, les jouets, les livres, la culture musicale, les moyens de communication sont en constante évolution. Dépendant des valeurs défendues par la société, des contraintes économique, écologique ou encore sociale. En effet, qui aurait pensé en 1950, qu’en 68 des étudiants lanceraient des pavés ou encore que les années 2000 verrait la multiplication de ressources numériques dans les écoles ?

Ainsi le développement de l’environnement numérique a des effets positifs, et permet à la fois l’amélioration l’acquisition des connaissances tout en contribuant à la formation de la pensée. Pouvons-nous pour autant dire que les jeunes d’aujourd’hui sont nés avec les écrans ? Nous aurions tendance à dire que non, puisque l’existence du digital native[1] est critiquée et déconstruite ces dernières années, alors même que les attentes sociétales d’appropriation des nouvelles technologies par les jeunes citoyens sont réelles. Il serait donc opportun de tirer le meilleur profit de cette nouvelle forme de culture tout en protégeant les enfants d’excès qui pourrait avoir des conséquences délétères durable sur leur santé et leur équilibre. C’est pourquoi nous prônons la nécessité d’une éducation progressive aux apprentissages avec et sans écrans pour développer l’autorégulation.

Quelques repères…

Toutes les études montrent que les écrans non interactifs devant lequel le bébé est passif n’ont aucun intérêt.  De plus, l’excès de temps passé devant les écrans est à l’origine de troubles de la concentration, de manque de sommeil, entrainant parfois des pathologies médicales comme le surpoids, la dépression ou des troubles psychiatriques. Par ailleurs, les « programmes » dit adaptés n’ont pas d’effets positifs sur l’acquisition du langage car ils n’adaptent jamais leur intonation à l’état psychologique du bébé.

En complément des activités « classiques » les tablettes visuelles et tactiles peuvent être néanmoins utiles au développement sensori-moteur du jeune enfant en participant au développement cognitif précoce de ce dernier, à condition d’avoir des activités ludiques et être accompagné. En effet, afin de garder les effets positifs de l’évolution technologique il est indispensable d’accompagner les enfants dans leur découverte et leur utilisation. Par exemple, faire raconter à l’enfants ses expériences d’écrans permet d’utiliser alternativement l’intelligence spatiale et narrative.

A partir de 3 ans il est recommandé de l’initier à des jeux symboliques qui l’incitent à faire semblant, et peuvent ainsi peuvent aider à l’éduquer à distinguer le réel et le virtuel. Cela peut avoir un impact positif sur l’auto-régulation des écrans. Enfin, dès 6 ans l’utilisation pédagogique des écrans et des outils numériques peut marquer un progrès éducatif important. Les écrans interactifs mettent à contribution l’intelligence intuitive et hypothético déductive, ainsi que la capacité d’anticipation et le retour sur expérience. Quant à la maison, il est important de surveiller les écrans de nos enfants, car 80% des programmes regardés par eux ne leur sont pas destinés, ce qui implique qu’ils se confrontent à la gestion d’une charge émotionnelle forte.

Et à l’adolescence ?

A l’adolescence la maturation du cerveau n’est pas encore terminée, le contrôle des parents reste essentiel.

En effet, nos enfants sont confrontés à un nouvel espace d’expérimentation sociale qui permet de se définir et de définir le monde qui les entoure. Concernant les jeux vidéo en réseaux, ils permettent de développer l’aptitude à travailler en équipe et la curiosité à l’égard des autres en terme de compétences et de savoirs. Plusieurs études ont également montré que les jeux valorisent l’entraide et la coopération qui se poursuit dans la réalité. Cependant, comme la maturation du cerveau n’est pas encore terminée nous assistons à une articulation encore non équilibrée entre les aspects cognitifs et émotionnels du cerveau, c’est pourquoi le contrôle des parents concernant les écrans reste essentiel.

Pour conclure

C’est le changement collectif qui est la clé d’une évolution familiale face aux écrans. Si les règles sont clairement formulées et que leur mise en application est anticipée de telle façon que chacun puisse se familiariser avec elle, cela devient possible.

Bibliographie

Golman, D. (1998). L’intelligence émotionnelle. Paris: Robert Lafont.

Miljkovitch, R. (2017). Psychologie du développement . Issy-les-Moulineaux: Elsevier.

Peymirat, A. (2017). Débranchez vos enfants! Paris: First.

Tisseron, S. (2018). 3-6-9-12. Apprivoiser les écrans et grandir. Toulouse: Eres.

[1] Terme anglais traduit en français par natif du numérique renvoie à l’idée selon laquelle les enfants naitraient désormais avec des nouvelles prédispositions à utiliser des outils numériques.

[1] Source : Insee, enquêtes Technologies de l’information et de la communication 2009 à 2017. Champs : ensemble des individus de 15 ans ou plus vivant en France dans un ménage ordinaire.

[2] Baromètre du numérique 2018, CREDOC